Voici donc la troisième et dernière partie du très très long article de David St-Amand. Je le remercie encore une fois d’avoir écrit ceci et de m’avoir permis de prendre une petite pause.
Voici les autres parties pour les intéressés : Part1, Part 2
En terminant, l’on ne pourrait passer sous silence l’économie. Ce qui devait être la pierre angulaire du système social d’ESO s’est révélée être son maillon le plus faible. Probablement, à nouveau, à cause d’un beta testing inefficace, si ce n’est absent, car je refuse catégoriquement de croire que personne n’a su leur faire mention des innombrables problèmes auxquels l’économie d’ESO se trouve confrontée aujourd’hui. Soyons honnêtes, dès le départ, l’économie d’ESO est pratiquement inexistante. Trois raisons majeures viennent expliquer cet état de faits. La première, en un mois, ESO a probablement vu autant de bots et de gold sellers que WoW en dix ans. Il n’y avait pas un « donjon public » qui n’avait pas sa quinzaine d’automates préprogrammés en train de faire du camping devant le point d’apparition (spawning point) du boss des lieux. Heureusement que l’on obtenait le crédit pour nos quêtes en ne touchant qu’à celui-ci. Il y a aussi eu une sordide affaire de « duping », cet acte malicieux qui permet à certains joueurs exploitant une faille du jeu de copier à l’infini un objet précis. Dans le cas qui nous occupe, les sources sont floues mais la plupart précisent que des matériaux de crafting furent ainsi copiés, créant du même coup des multimillionnaires, voire des milliardaires, mais surtout une panoplie de joueurs avec un équipement légendaire dès que l’envie leur en prenait. Quand on sait que l’objet de luxe le plus dispendieux du jeu (un cheval avec des statistiques améliorées) coûte 42 700, y’a de quoi rêver.
La deuxième raison, le remplacement de l’encan centralisé (à la WoW) ou régionalisé (à la EvE) par un encan… de guilde. Le système aurait pu être bon si, encore une fois, l’on avait cherché à imposer des limites aux joueurs. À les forcer à faire des choix. Un autre de leurs fameux « tirs incertains ». Plutôt que d’amener les joueurs à faire le choix entre une guilde de PvE, une guilde de PvP ou une guilde de marchandage (tiens, tiens), avec la création de système d’alliance multi-guildes (un truc qu’ils avaient eux-mêmes évoqué), ils ont préféré… laisser aux joueurs le droit d’être membre de… cinq guildes. Ah, parce que dans ESO, ce ne sont pas vos personnages qui sont membres de guildes, mais votre compte général. Un concept d’attardé. Y’a pas vraiment d’autres mots pour ça. Imaginez plutôt les inconvénients, en voici une petite liste :
-Jusqu’à cinq « chats » de guilde actifs dans votre petite fenêtre de chat. Bien entendu, désactivables.
-Lorsque vous écrivez dans le chat de guilde, vous le faites sous votre nom de compte. Pourtant, tout le monde sur le jeu vous reconnaît sous votre nom de personnage. Si les deux diffèrent, préparez-vous à des maux de têtes.
-Tout le monde a maintenant accès à votre nom de compte. Fabuleux pour les tentatives de piratage.
-Oh, avions-nous mentionné que vous pouvez créer huit personnages au total et que vous n’êtes pas limité par les factions? Bref, malgré le fait que j’ai joint une guilde de la faction A, je peux très bien être sur mon personnage membre de la faction B et voir leurs plans. Essentiellement, à moins de connaître la totalité de vos membres, oubliez la confidentialité et l’esprit de dévouement à une seule faction.
-Parlant de ça, oubliez l’esprit de dévouement à une seule guilde, point barre.
Bref, comment a-t-on pu penser que ce système fonctionnerait dans un univers de MMO? Ont-ils trop écouté une partie de leur base PvE/Calinours? Aucune idée, mais le résultat est désastreux. Afin de tester, j’ai joint cinq guildes alternant entre le « casual » et le « hardcore ». Malgré des memberships souvent respectables en taille, je n’ai jamais vu des guildes aussi peu unies et actives pour un MMO. Les chats de guilde étaient souvent abandonnés puisque jugés peu sûrs, trop faciles à « flooder » et difficiles à suivre. Amener des joueurs à s’inscrire sur des forums ou à utiliser un programme de chat vocal (TS, Mumble, Vent, GameVox) semblait relever du sacerdoce. La plus active des guildes avait environ huit ou neuf personnes sur Teamspeak par soir, sur un membership d’environ soixante-cinq personnes.
Comme troisième raison et pour clore cette critique, le magasin de guilde (guild store) a trois soucis préoccupants (considérant que nous sommes en 2014 et qu’ESO n’est pas le premier MMO) : ses outils de recherche manquent cruellement d’options (pratiquement tout se ramasse dans la grande section « Matériel »), implique des frais ridicules qui rendent son utilisation prohibitive (frais de guilde de 10%, frais de listing de 15%, tu vends un machin à 400 et on te redonne 300!) et, SURTOUT, ne possède pas de « recherche par nom ». Ce dernier point décourage environ 75% des utilisateurs. Pensez-y : vous êtes membre d’une guilde de marchandage, à capacité maximale (500 utilisateurs, pourquoi un maximum? Aucune idée!). Vous voulez acheter du minerai de fer, une ressource de base pour votre crafting. Vous allez au magasin de guilde. Vous cherchez ensuite dans la catégorie « Matériel ». Et puis c’est tout. Vous devez ensuite vous taper des pages et des pages d’objets à la con. Parce que faut pas croire que tous les membres de votre guilde sont des génies, hein. Y’en a un paquet qui vont y mettre n’importe quel objet de merde qu’ils auront trouvé. Le moindre déchet qu’ils auront ramassé va s’y retrouver, soyez-en sûrs et certains. À la limite, vous pourriez raffiner votre recherche par prix, mais vous n’êtes pas plus avancé car il se peut très bien que quelqu’un ait mis seulement 10 unités de minerai de fer. Bien sûr que vous en cherchez 100 (un stack, dans le milieu) mais ce 10 pourrait être à très bas prix. Ou un autre en vend peut-être 350 mais en petits paquets de 15, encore à bas prix. Tant et si bien que la vaste majorité des encans de guilde ne servent surtout qu’à entreposer la camelote des plus idiots et les machins hors-de-prix d’une foule d’illuminés. Pour le reste, pour les autres, la seule économie qui reste, c’est le « zone chat ». Pas fameux. Ni pratique. À l’image du jeu.
Je donnerais donc une note finale pour ce jeu de : 6/10
Ça n’aurais jamais du être un MMo…. Très bonne critique !!!